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Solidarité

Communiqué de David Travers / Hébergement des personnes exilées : pourquoi mettre au même niveau de responsabilité et renvoyer dos à dos la Ville de Rennes et l'État sont des erreurs inacceptables.

 

Depuis cet été, plusieurs dizaines de personnes sans solution d'hébergement campent sur un terrain municipal, aux Gayeulles. Ces personnes sont pour nombre d'entre elles des familles migrantes, parfois avec des enfants très jeunes.

La Maire de Rennes avait pourtant alerté très tôt et à plusieurs reprises l'État afin qu'un tel campement soit évité.

 

Depuis son apparition, les services de la Ville sont mobilisés pour faciliter les conditions de vie sur place, dans la mesure de ce qui est possible dans un tel environnement.

Nous maintenons depuis le début du campement, et a fortiori depuis ces dernières semaines avec des conditions climatiques plus difficiles et la fatigue légitime des occupants et associations qui les soutiennent, un lien avec la Préfecture, persuadés que c'est en bonne intelligence que des solutions pourront être trouvées pour ces familles.

Mais faute de réponse de la part de la Préfecture à ce jour, des militants ont occupé, hier, un bâtiment municipal en marge d'un rassemblement.

Cette occupation sans droit ni titre, et les réactions qu'elle a provoquées, laissent le fort désagréable sentiment que la Ville et l'État sont tenus pour responsables, à part égale, de cette situation. Or, mettre au même niveau de responsabilité et renvoyer dos à dos la Ville de Rennes et l'État au sujet de l'hébergement des personnes exilées sont des erreurs inacceptables.

 

La politique d'hébergement d'urgence des familles sans-abri est une compétence exclusive de l'État, comme le rappelle une jurisprudence constante du Conseil d'État qui considère qu'il appartient aux autorités de l'État d'assurer à toute personne sans-abri et en situation de détresse médicale, psychique ou sociale un hébergement d'urgence.

Or, l'État sélectionne les personnes qu'il met à l'abri, selon des critères de vulnérabilité et de statut. Pour ne citer qu'un exemple parmi tant d'autres, il a été mis fin, la semaine dernière, à l'hébergement au 115 d'une femme avec deux nouveau-nés prématurés quinze jours après leur naissance. Cette remise à la rue, outre le fait qu'elle pose la question des critères pris en compte, est contraire aux lois de notre République.

Face aux carences de l'État et dans la tradition humaniste et solidaire qui est la sienne, la Ville de Rennes a depuis de nombreuses années construit un dispositif de mise à l'abri des familles avec enfants mineurs, en complément du dispositif étatique, insuffisant et saturé.

Ainsi, depuis 2011, la Ville de Rennes a constamment innové, recherchant et mettant en oeuvre de nombreuses solutions, depuis la mise à disposition de patrimoine municipal inoccupé jusqu'à l'élaboration de commodats avec des propriétaires ou bailleurs sociaux, en passant par la mise à l'abri à l'hôtel et l'ouverture d'un centre d'hébergement d'urgence municipal de 100 places, afin de réaliser l'objectif ambitieux qu'aucun enfant ne dorme dans les rues de Rennes. Il faut ajouter à tous ces dispositifs la réponse continuelle chaque semaine de l'année à de l'urgence immédiate par un hébergement hôtelier de quelques nuits, de familles avec enfant, plus de quinze personnes ce jour même par exemple.

À ce jour, la Ville de Rennes met à l'abri, chaque soir, plus de 950 personnes, dont une majorité d'enfants. Cette action volontariste et humanitaire est tout simplement unique en France. Elle fait l'honneur de notre ville.

Mais depuis quelques mois, nous constatons que nous ne parvenons plus à atteindre notre objectif, car notre dispositif est saturé alors que continuellement des familles sont renvoyées des dispositifs Etat et d'autres arrivent sur notre territoire. Cette saturation est, là aussi, le seul fait des insuffisances de la politique migratoire de l'État, qui ne régularise pas les personnes qui devraient l'être ni ne reconduit aux frontières les personnes à qui il délivre des obligations de quitter le territoire.  Il laisse ainsi un grand nombre de personnes totalement dans l'impasse d'une situation administrative qui les condamne à la plus grande précarité, à la plus grande vulnérabilité et à l'errance sur nos territoires pour de nombreuses années, dans le seul mais mince espoir de pouvoir à terme faire une nouvelle demande d'asile.

La Ville de Rennes héberge principalement ces familles terriblement désignées "ni ni" (ni régularisables, ni expulsables), parfois depuis de nombreuses années. Leur situation ne leur donne pas droit à un logement, ni à un travail, alors même que la situation actuelle du marché de l'emploi permettrait de les intégrer.

La Ville de Rennes, et son Centre communal d'action sociale en grande tension, y compris financière, tout en réaffirmant leur action volontariste à son niveau actuel, ne peuvent plus faire face à cette situation de demandes toujours plus nombreuses alors que l'Etat par les insuffisances de sa politique migratoire ne permet aucune sortie d'un dispositif d'hébergement qui ne devrait être que temporaire et relever en outre de sa stricte compétence.

Il est temps que le Gouvernement ouvre les yeux et cesse cet insupportable déni.

 

David Travers,

Adjoint délégué à la Solidarité, à la Ville de Rennes

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Communiqué de presse

dimanche 17 octobre 2021

Ville de Rennes / Rennes Métropole

. (Service de presse de la Ville de Rennes et de Rennes Métropole)
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