Santé
Prescriptions muséales : soigner les maux par la culture
Depuis 2022, la Ville de Rennes et Rennes Métropole expérimentent les prescriptions muséales. Elles permettent à des patients, sur recommandation d'un professionnel de santé, de bénéficier gratuitement d'activités culturelles dans des musées ou des centres d'art partenaires. Deux ans après sa mise en oeuvre, un premier bilan montre des résultats encourageants.
Inspirées des expériences belges et québécoises, les prescriptions muséales encouragent les patients à prendre soin d'eux via une activité culturelle. Visites guidées, ou simples balades contemplatives, ces activités sont pensées pour apaiser, stimuler et enrichir les participants. La visite peut se faire seule ou accompagnée d'une personne choisie.
Un partenariat entre professionnels de la culture et de la santé
Ce projet a vu le jour grâce à une collaboration entre des musées et des centres d'art rennais et métropolitains volontaires et une diversité de professionnels de santé.
Les partenaires culturels engagés sont : La Criée centre d'art contemporain, 40mcube centre d'art contemporain, les Champs Libres avec le musée de Bretagne et l'Espace des Sciences, l'Écomusée de la Bintinais, le Musée des beaux-arts de Rennes.
Les structures de santé partenaires de la Ville de Rennes et de Rennes Métropole sont : le Centre Hospitalier Guillaume-Régnier, la Clinique du Moulin (Bruz), la Clinique Philae (Pont-Péan), le Centre communautaire de santé du Blosne, l'Association Santé Villejean Beauregard et la Polyclinique Saint-Laurent.
Ces structures disposent d'un quota de prescriptions, que les professionnels peuvent remettre aux patients. Chaque patient reçoit également un livret qui donne des informations sur les lieux d'exposition et les contacts des médiatrices et médiateurs qui sont disponibles pour préparer et accompagner une visite. Le patient présente sa prescription à l'accueil du lieu culturel et peut accéder gratuitement, avec la personne qui l'accompagne, à toutes les expositions proposées.
Un premier bilan encourageant
Une évaluation de cette expérimentation a été récemment partagée entre les différents partenaires.
Le niveau d'utilisation effective des prescriptions muséales est estimé à 25% environ, en précisant qu'elles ne sont pas systématiquement présentées du fait du libre accès à certains espaces d'exposition. Ce pourcentage est très légèrement inférieur à celui communément observé pour ce qui relève de l'utilisation effective des ordonnances pharmaceutiques.
Les retours d'expériences sont positifs et les patients manifestent de l'intérêt. Aussi, l'ensemble des partenaires ont confirmé leur souhait de poursuivre la collaboration et de confirmer la création d'un dispositif pérenne.
Pour la suite, les partenaires identifient différents leviers comme l'amélioration des conditions d'accueil et d'accompagnement des patients.
Un concept novateur au croisement de l'art et de la santé
La démarche des prescriptions muséales s'appuie sur l'affirmation de l'impact thérapeutique de l'art pour tous et toutes. Ce projet ne relève pas d'une démarche d'art-thérapie. Il vise à agir sur l'environnement psychosocial des personnes, en s'appuyant sur leur pouvoir d'agir. Les personnes ont le choix d'utiliser ou non cette prescription, le choix du lieu et de la forme de la visite. Elles sont alors reconnues et considérées dans leur capacité à agir, à prendre soin d'elles-mêmes en saisissant cette opportunité de trouver dans la rencontre avec les oeuvres un moment de contemplation et de partage.
De récentes études apportent des preuves de l'impact bénéfique des arts et de la culture sur le bien-être et la santé, et en particulier un rapport produit par l'Organisation Mondiale de la Santé (OMS) en 2019 intitulé "Quelles sont les bases factuelles sur le rôle des arts dans l'amélioration de la santé et du bien-être ? Une étude exploratoire". Le rapport rassemble des données quantitatives et qualitatives, issues du domaine de sciences sociales, pour analyser les expériences, perceptions et besoins des personnes dans le but d'améliorer leur santé et leur bien-être. Le rapport apporte des preuves que l'activité artistique et culturelle contribuent :
* À prévenir les risques, que ce soit au niveau de la santé mentale et/ou physique ;
* Au traitement et à la gestion de pathologies chroniques liées au vieillissement ;
* Au bien-être des personnes.
L'activité artistique et culturelle est aujourd'hui reconnue comme complémentaire des traitements biochimiques et pharmaceutiques.