C'est avec tristesse que j'ai appris le décès de Jean-Gérard Carré. Avec lui disparaît une figure de l'architecture rennaise et du logement social. Rennais depuis son enfance, étudiant à l'école d'architecture de Rennes, Jean-Gérard Carré a profondément marqué l'urbanisme de la ville au cours des Trente Glorieuses. En 1959, il avait été sollicité par l'ancêtre d'Archipel Habitat pour construire 1 500 logements sociaux au Gros-Chêne, à Maurepas, en association avec le cabinet Legrand-Rabinel. Ce chantier s'inscrivait dans les problématiques aigues de logement au sortir de la guerre. Pour répondre rapidement à une demande soutenue, Jean-Gérard Carré et ses collègues avaient travaillé l'architecture en hauteur, en utilisant des procédés de préfabrication lourde et un système de poteaux-poutres. Ils avaient aussi donné naissance aux locaux collectifs résidentiels en bas d'immeuble, pour contribuer à offrir des services diversifiés aux habitants. Cette architecture de qualité et durable nous permet aujourd'hui de réhabiliter ces tours, plutôt que de les démolir et de les reconstruire, pour leur donner une seconde vie et répondre à l'évolution des besoins. Dans la foulée du Gros-Chêne, Jean-Gérard Carré a aussi participé à la construction des zones à urbaniser en priorité (ZUP) de Villejean et du Blosne, selon des formes urbaines diversifiées. Au-delà de cette commande publique sociale, il a contribué à des projets privés dans le centre-ville, notamment au Colombier, sous la supervision de Louis Arretche, alors urbaniste conseil de la Ville. Architecte régional des postes et télécommunications, il a conçu le siège du centre commun d'études de télévision et de télécommunications des Buttes de Coësmes dans les années 80, dans un moment de démocratisation du téléphone et d'expérimentation du minitel. C'est toute une tranche de vie de notre ville, sa mixité sociale et fonctionnelle, qu'incarne l'architecture de Jean-Gérard Carré, qui fut un grand bâtisseur de notre territoire. En livrant ses documents professionnels aux archives municipales de Rennes au début des années 90, il nous permet aujourd'hui de retracer ce morceau d'histoire locale. En 2019, pour son œuvre architecturale mais aussi pour son immense contribution urbaine et sociale, j'avais pu lui rendre hommage, à l'occasion du centenaire d'Archipel Habitat. Au nom du Conseil municipal et en mon nom propre, j'adresse à sa famille et à ses proches mes plus sincères condoléances ainsi que ma profonde reconnaissance.
Nathalie Appéré, maire de Rennes, présidente de Rennes Métropole
© Rodolphe Marics - Archipel Habitat