La campagne de communication de la Ville de Rennes pour limiter l'implication des mineurs dans les trafics de stupéfiants

12/06/2025

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Lauréate d'un appel à projets de la MILDECA (Mission interministérielle de lutte contre les drogues et les conduites addictives), la Ville de Rennes met en œuvre un plan d'actions pour limiter l'implication des mineurs dans les trafics de stupéfiants (Limits). 

"Y'a rien à attendre du deal" : une campagne de communication réalisée conjointement par l'agence de communication La Contrée et un groupe de jeunes Rennais s'inscrit dans le cadre de ce plan. Au terme d'un processus original de plusieurs mois de création, La Contrée et cinq jeunes Rennais et Rennaises ont écrit le scénario d'un court film vidéo et créé une affiche. Ces supports feront l'objet d'une campagne d'affichage et de diffusion (panneaux d'affichage, réseaux sociaux, etc.) durant plusieurs semaines, à partir du 18 juin 2025.

Affiche de la campagne

Les jeunes investis ont souhaité travailler un message clair afin de dissuader l'implication dans le trafic en montrant qu'à moyen-terme, le deal ne crée que de la violence, de l'isolement et des regrets. L'objectif est de montrer que d'autres voies sont possibles et que de nombreuses ressources existent dans la ville et les quartiers.

Ces supports de communication sont un nouvel outil à disposition des professionnels en lien avec les jeunes ainsi que des familles. Ils doivent permettre de provoquer de l'échange et de briser les tabous qui existent autour de cette thématique difficile à aborder et à appréhender.

Un plan d'actions pour limiter l'implication des jeunes dans les trafics de stupéfiants

Lauréate 2024 de l'appel à projets de la MILDECA (Mission interministérielle de lutte contre les drogues et les conduites addictives) aux côtés de 15 autres villes, Rennes a obtenu une subvention de 150 000 € pour déployer auprès des jeunes des actions de prévention des entrées dans les trafics de stupéfiants. Cela porte à 240 000 € le budget dont la Ville dispose pour la mise en œuvre de son plan d'actions qui sera déployé jusqu'en juin 2027 (soit trois années scolaires) et qui bénéficiera à tous les quartiers prioritaires de la ville (Bréquigny, Cleunay, Maurepas, Le Blosne et Villejean).

Rennes, comme de nombreuses autres villes, est confrontée au trafic de stupéfiants. Sur l'ensemble du territoire, les méthodes des trafiquants ont évolué : le trafic est devenu plus visible et implique des mineurs de plus en plus jeunes. Impacts en termes de santé publique, de tranquillité et sécurité publiques, de cohésion sociale : les conséquences du narcotrafic sont lourdes et les municipalités se mobilisent dans le cadre de leurs compétences pour lutter contre ce défi. Les politiques de prévention, menées en complément de l'action de la police et de la justice contre le narcobanditisme, sont une part importante de cette mobilisation.

Qu'est-ce que la MILDECA ?

Placée sous l’autorité du Premier ministre, la MILDECA (Mission interministérielle de lutte contre les drogues et les conduites addictives) anime et coordonne l’action du gouvernement en matière de lutte contre les drogues et les conduites addictives et élabore à ce titre la stratégie gouvernementale en la matière dans les domaines suivants : recherche et observation, prévention, santé et insertion, application de la loi, lutte contre les trafics, coopération internationale.

"La protection de la jeunesse ainsi que la lutte contre les nuisances et la délinquance constituent des priorités essentielles pour les élus, qui s'efforcent de développer une réponse publique adaptée et durable" reconnaît la MILDECA. Par la voix de son président, le Dr Nicolas Prisse, elle se réjouit de l'engagement de la Ville de Rennes et des initiatives mises en place. Grâce aux deux appels à projets lancés en 2024 et 2025, la MILDECA a réussi à porter à 30 le nombre de collectivités impliquées dans la prévention de la participation des mineurs aux trafics de stupéfiants à travers LIMITS.

Un plan d'actions en 5 volets

Le plan d'actions de la Ville repose sur l'idée qu'un territoire mobilisé, dont les parties prenantes sont averties, formées, travaillent ensemble, sera plus fort pour contrer les effets mortifères du trafic. Il est primordial de parler aux jeunes exposés, d'être en lien avec leurs familles, et de nommer les mécaniques insidieuses du narcotrafic et de déconstruire la vision idéalisée de certains jeunes.

Le plan d'actions répond à trois objectifs principaux :

  • Former les professionnels qui sont en lien avec des jeunes confrontés ou attirés par le trafic de stupéfiants et/ou la consommation de stupéfiants afin qu'ils se sentent outillés ;
  • Collaborer avec les jeunes via des actions de prévention adaptées au profil des publics ciblés et une campagne de communication réalisée avec des jeunes. Ces actions permettent également, de façon plus ou moins directe, de prendre attache avec les familles ;
  • Personnaliser les réponses grâce à une meilleure appréhension et connaissance des profils des jeunes impliqués.

Il se décline en 5 volets :

  • Former les professionnels
    Un programme de formation spécifique est proposé aux professionnels qui sont au contact direct des jeunes : animateurs jeunesses, éducateurs spécialisés, animateurs sportifs, médiateurs, travailleurs sociaux, personnels de l'Éducation nationale, personnels des services municipaux, bailleurs sociaux, habitants référents sécurité de la Ville… Il s'agit notamment de leur donner des outils pour comprendre le fonctionnement des trafics, appréhender les facteurs de vulnérabilités chez les jeunes, s'appuyer sur les compétences des enfants pour résister à la pression des pairs, de leur environnement... Un total de 90 personnes seront formées.
  • Sensibiliser les enfants et leurs parents
    Des interventions auprès des enfants de CM1, CM2 et 6e et leurs parents sont organisées. Ces interventions sont travaillées en partenariat avec l'Éducation nationale et permettent de répondre à des besoins régulièrement exprimés par les équipes éducatives. L'objectif est que l'ensemble des élèves de ces classes, dans tous les quartiers concernés, aient bénéficié d'une action de sensibilisation (à raison de 3 à 4 établissements par année scolaire). À chaque intervention, une information et une proposition sera faite aux familles afin de les soutenir et de les outiller également.
  • Cibler les publics vulnérables
    Des interventions pour prévenir la récidive sont organisées d'une part auprès de jeunes placés sous main de justice et accompagnés par la Protection Judiciaire de la Jeunesse (PJJ), et d'autre part, en partenariat avec les services de la Protection de l'enfance du Département. L'objectif est de faire comprendre, sans juger, les conséquences néfastes de ces consommations et du trafic. Cette action doit bénéficier à une quarantaine de jeunes (âgés de 16 à 21 ans) tous les ans.
  • Concevoir une campagne de communication
    Un groupe de jeunes Rennais et Rennaises, orientés par les partenaires locaux (We Ker et Jobs à Rennes, ont été mobilisés pour concevoir une campagne de communication visant à transmettre des messages de prévention adaptés aux jeunes et alerter sur les impacts des trafics de stupéfiants. Face à un phénomène complexe et protéiforme, il s'agit de déconstruire les clichés possiblement attractifs des activités de deal, d'inviter chaque partie prenante à se questionner et à sensibiliser les jeunes et les consommateurs.


En complément : une étude

Une étude sera menée pour cerner les typologies de parcours des mineurs interpelés pour des infractions liées aux stupéfiants à Rennes. Cette initiative, qui n'entre pas dans le financement de la MILDECA, sera financée par la Ville de Rennes et d'éventuels partenaires. Elle sera menée en partenariat avec le laboratoire de recherche en psycho-criminologie, cognition, comportement et communication de l'Université Rennes 2. L'APRAS et le dispositif Trend y contribueront également.

Une démarche qui s'inscrit dans un travail au long cours
La Ville a travaillé l'ensemble de ces actions avec de nombreux acteurs institutionnels et associatifs : Éducation nationale, Préfecture, Agence Régionale de Santé (ARS), Parquet du tribunal judicaire de Rennes, services de l'Aide Sociale à l'Enfance du Département, Protection Judiciaire de la Jeunesse (PJJ), associations de quartiers… Cette initiative a permis, au niveau local, d'enclencher une dynamique partenariale inédite qui trouve ses racines dans le Conseil Local de Sécurité et de Prévention de la Délinquance (CLSPD) et le Contrat Local de Santé (CLS).